Dès l’Ancien Empire (environ 2700 à 2200 av. J.-C.), le scarabée apparaît dans l’art et les objets du quotidien. Les Égyptiens observent sa manière de rouler une boule de terre ou d’excréments et y voient l’allégorie du soleil parcourant le ciel. Cet insecte, familier des bords du Nil, devient alors un modèle pour les artisans qui le reproduisent en pierre, en céramique ou métaux précieux. À partir du Moyen Empire (environ 2033 à 1786 av. J.-C.), les scarabées se répandent et se portent en pendentifs ou se placent dans les tombes.
Sculptés dans la stéatite émaillée, le lapis-lazuli, la cornaline ou encore le jaspe vert, les scarabées se déclinaient dans des teintes symboliques. Le bleu représentait le ciel et la fertilité du Nil, le rouge évoquait la vitalité et la protection, tandis que le vert incarnait la régénération et la vie éternelle. Chaque pierre n’était donc pas choisie au hasard, mais répondait à une fonction spirituelle précise.
Le pectoral en forme de scarabée ailé en or, cornaline, turquoise, feldspath vert, calcite et lapis-lazuli provenant du trésor de la tombe de Toutânkhamon, au Grand Egyptian Museum (GEM).
Au-delà de sa portée spirituelle, le scarabée fascine aussi par sa beauté formelle. Sa silhouette lisse et arrondie, sa symétrie naturelle et ses proportions équilibrées en font un objet de design intemporel. Les artisans égyptiens en ont tiré parti pour créer des pièces raffinées, parfois minuscules, où chaque détail était ciselé avec une précision remarquable. Cette esthétique universelle explique sans doute pourquoi le scarabée séduit encore les créateurs contemporains, qui y voient une source d’inspiration à la fois graphique et symbolique.
Le scarabée est directement lié au dieu Khépri, représentation matinale du soleil renaissant chaque jour à l’horizon. Il symbolise le cycle éternel, le renouveau et la victoire de la lumière sur les ténèbres. Dans les pratiques funéraires, le “scarabée du cœur” placé sur la poitrine des momies avait pour mission de protéger l’âme lors du jugement d’Osiris, dieu de la mort et de la résurrection. Certains scarabées étaient aussi gravés de formules magiques, renforçant leur dimension religieuse et protectrice.
Porte-bonheur quotidien, sceau administratif ou amulette funéraire, le scarabée remplissait de multiples rôles. Les Égyptiens en gravaient parfois la face inférieure de hiéroglyphes, transformant l’objet en véritable sceau personnel. Dans la sphère intime, il se transmettait comme talisman protecteur. Dans la sphère royale, il commémorait des événements politiques ou militaires. Dans l’au-delà, il garantissait la survie de l’âme et sa résurrection.
Aujourd’hui encore, le scarabée conserve son aura. Les musées regorgent de spécimens fascinants, mais il inspire aussi les créateurs contemporains. Joailliers, décorateurs et designers reprennent sa forme arrondie et ses couleurs vibrantes pour en faire des objets de désir. De Cartier à Boucheron, les maisons de luxe lui rendent hommage, perpétuant l’attrait de ce symbole éternel de chance, de protection et de renouveau.