Eau Sauvage, jus mythique s’il en est, a vu le jour en 1966. À l’époque, le parfumage au masculin était peu développé : les hommes se contentaient d’un after-shave ou d’une eau de cologne. Jusqu’au coup d’éclat d’Edmond Roudnitska, alors nez de la maison Dior, qui crée un véritable parfum pour homme autour d’un cœur d’hédione aux notes jasminées. D’une modernité folle, Eau Sauvage a connu, depuis lors, quelques avatars (Fraîcheur Cuir, Extrême…). Le dernier en date, baptisé Sauvage Eau Forte, une fougère fraîche et épicée, vient de sortir.
Nez de grand talent, parmi les plus célébrés actuellement, Francis Kurkdjian (°1969), qui a lancé sa propre griffe de parfums, est aussi directeur de la création des parfums Dior depuis octobre 2021. Avec Sauvage Eau Forte, il innove comme l’avait fait Roudnitska à l’époque, en imaginant la première composition masculine à haute concentration, mais sans alcool. Un véritable tour de force, rendu possible par une technologie de nanoémulsion (la plus fine taille de gouttelettes pour une meilleure diffusion de la senteur) propre à Dior.
“Pour traduire la puissance physique et symbolique de l’eau, j’ai réinventé cette fraîcheur-signature en m’écartant des traditionnelles notes hespéridées pour accentuer l’envolée de notes épicées fraîches et aromatiques, détaille le parfumeur. S’impose une fraîcheur fusante à la tenue hors normes. Sauvage Eau Forte explore la sensation d’un contraste entre un effet mouillé et une sensualité boisée ambrée. Grâce à la formule sans alcool, j’ai réussi à étirer cette fraîcheur à l’extrême.”
La force de l’élément liquide, qui emporte tout, et les contraires qui s’attirent. “L’eau chutant d’une cascade est un spectacle puissant, vertigineux et magnétique. Je me suis attaché à cette idée d’une eau qui se fait lien et passage entre le ciel et la terre, confie Francis Kurkdjian. Un dialogue d’arômes qui vient s’inscrire au cœur d’une eau vive, exaltée. La fraîcheur légendaire de Sauvage devient ainsi le lieu d’antagonismes conciliés, de mouvements contraires qui forment une unité. Son sillage se fait véritablement eau ‘forte’, expression tenace et étourdissante d’une fraîcheur vivante, personnifiée.”
Savoir-faire d’exception, qualité exceptionnelle et rareté obligent, cette lampe est plus que jamais prisée sur le marché des antiquités XXe et du design de luxe. Son prix varie en fonction de l’état, de la provenance et des matériaux. En général, un modèle se vend entre 5000 et 20 000 euros, parfois plus pour les pièces en parfait état ou de provenance historique.
Pour abriter cette eau tumultueuse, il fallait créer un flacon en verre intense, dégradé du noir à l’azur clair, en passant par le bleu nuit signature. Reflet de la formule lactée de Sauvage Eau Forte : la base de la bouteille est comme teintée d’écume.
Eau Sauvage de Dior a fait Mai 68 ! Patrick Saint-Yves, ex-président de la Société française des parfumeurs, raconte qu’il en avait imprégné le foulard qu’il portait sur la barricade du Pont-Neuf, l’odeur du parfum se mélangeant à celle des gaz lacrymogènes lancés par la police.
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La saga Sauvage a été incarnée par plusieurs icônes de chair ou de papier – Zinedine Zidane et Johnny Hallyday, les héros de bd Corto Maltese et Largo Winch. Sans oublier Alain Delon, en 2008, avec une sublime image tirée du film La Piscine. Depuis 2015, Johnny Depp apporte à Sauvage de Dior son côté bad boy ténébreux, authentique et brut de décoffrage, photographié par Jean-Baptiste Mondino.